2. Les entiers

La plupart des civilisations humaines utilise le système décimal. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous avons 10 doigts !

L’ordinateur, lui, n’a pas de doigts mais utilise l’électricité. Par conséquent, il ne connaît que deux types d’informations : il y a du courant, il n’y a pas de courant ; allumé, éteint ; vrai, faux ; 1 ou 0.

On dit qu’il travaille dans un système binaire, ou en base deux.

2.1. Les systèmes de numération

Le système décimal

Ce système est composé de 10 symboles qui sont les chiffres :

0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9

Ainsi, tout nombre écrit dans la base 10 est composé de ces chiffres.

La valeur de chaque chiffre dépend alors du chiffre lui-même et de sa place. Ainsi, le 3 de 1934 et celui de 3008 n’ont pas la même valeur : Le premier vaut 30, alors que le second vaut 3000.
On parle alors de représentation positionnelle en base 10.

Dans ce système, pour connaître la valeur de chaque chiffre qui compose un nombre, il faut décomposer ce nombre pour identifier chaque chiffre et son coefficient, c’est la forme canonique.

Décomposition du nombre 3528 :

  • 8 unités

  • 2 dizaines

  • 5 centaines

  • 3 milliers

On peut alors vérifier que le nombre 3528 est bien dans la base 10, car tous ces chiffres appartiennent à la base 10. Les nombres de la base 10 ou du système décimal sont des nombres décimaux.

Le système binaire

Le système binaire, ou numération positionnelle en base 2, est représenté à l’aide d’uniquement 2 symboles : 0 et 1.
Cette représentation et la représentation décimale sont deux représentations, parmi d’autres, d’un même concept.

Un élément binaire se nomme un bit et un ensemble de bits peut représenter un entier en utilisant le même principe que pour le système décimal.

La valeur de chaque chiffre dépend toujours de sa place qui représente, cette fois, une puissance de 2.

La forme canonique du nombre binaire \(1101_{(2)}\) est : \(1 \cdot 2^3 + 1 \cdot 2^2 + 0 \cdot 2^1 + 1 \cdot 2^0\)

Le saviez-vous ?

Le bit vient de la terminologie anglo-saxonne de binary digit. Un ensemble de 8 bits et appelé un octet. Un kilo-octet (ko) correspond à \(10^3\) octets soit \(1000\) octets, donc \(8000\) bits. Attention à ne pas confondre les préfixes binaires (\(2^{10}\), \(2^{20}\), \(2^{30}\), etc.) et les préfixes décimaux (\(10^3\), \(10^6\), \(10^9\), etc.). On appelle kibioctet, pour kilo binaire, une quantité de \(2^{10} = 1024\) octets. On peut remarquer que cette notation, quoique rigoureuse, peine à s’imposer dans le vocabulaire courant des ingénieurs eux-même…

Compter en binaire

On compte en binaire de la même manière que l’on compte en base 10 en ajoutant 1 aux unités (position la plus à droite). Lorsqu’on arrive au dernier chiffre (i.e. 9 en base 10 et 1 en base 2), on le remet à 0 et on augmente de 1 le chiffre à sa gauche.

On répète ces opérations pour tous les chiffres, quelle que soit leur position. Ainsi, en base 10 :

\[ 0;-;1;-;2;-;3;-;...;-;9;-;10;-;11;-;...;-;99;-;100;-;101;-;... \]

En binaire, on obtient : \(0;-;1;-;10;-;11;-;100;-;101;-;110;-;111;-;1000;-;...\)

Micro-activité

Comptez jusqu’à 40 en binaire. Que pouvez vous observer au sujet de la parité des nombres binaires ? Pourquoi ?

Conversion du système binaire vers le système décimal

La conversion d’un nombre binaire en nombre en base 10 se fait aisément grâce à la forme canonique.

En effet, il suffit de calculer le résultat de la somme pondérée par les puissances de 2.

Conversion du nombre 10101

\[ 10101_{(2)} = 1 \cdot 2^4 + 0 \cdot 2^3 + 1 \cdot 2^2 + 0 \cdot 2^1 + 1 \cdot 2^0 = 21_{(10)} \]

Le tableau ci-dessous permet de convertir un octet en nombre décimal.

Coefficient

\(2^7\)

\(2^6\)

\(2^5\)

\(2^4\)

\(2^3\)

\(2^2\)

\(2^1\)

\(2^0\)

Valeur

128

64

32

16

8

4

2

1

Bit

0

0

1

0

1

0

1

0

L’exemple utilisé ici est l’octet \((00101010_{(2)})\) dont la valeur décimale est : \( 00101010\_{(2)} = 0 \cdot 2^7 + 0 \cdot 2^6 + 1 \cdot 2^5 + 0 \cdot 2^4 + 1 \cdot 2^3 + 0 \cdot 2^2 + 1 \cdot 2^1 + 0 \cdot 2^0 = 42\_{(10)}\)

Important

L’utilisation d’un tableau de conversion nécessite d’écrire le nombre binaire de droite à gauche car le bit de poids faible (\(=2^0\)) se trouve à droite, de la même façon que le chiffre de poids faible (=l’unité) se trouve à droite en représentation décimale.

Micro-activité

Donnez la conversion en base 10 des nombres binaires suivants :

  • 10101101

  • 01110010

  • 1111

  • 1111111

  • 1

  • 10

  • 100

  • 1000

  • 10000

  • 100000

  • 1000000

  • 10000000

Conversion du système décimal vers le système binaire

L’opération de conversion du système décimal vers le système binaire est moins directe. Cependant, à l’aide d’un tableau de conversion et des instructions suivantes, il est possible d’obtenir la représentation binaire de n’importe quel entier positif.

Tableau de conversion

\[\begin{split}\begin{array}{|l|c|c|c|c|c|c|c|c|c|c|c|} \hline \text{Coefficient} & 2^{10} & 2^9 & 2^8 & 2^7 & 2^6 & 2^5 & 2^4 & 2^3 & 2^2 & 2^1 & 2^0 \\ \hline \text{Valeur} & 1024 & 512 & 256 & 128 & 64 & 32 & 16 & 8 & 4 & 2 & 1\\ \hline \text{Bit} & & & & & & & & & & & \\ \hline \end{array} \end{split}\]

Instructions de conversion d’un entier du système décimal vers le système binaire

  1. Déterminer le coefficient maximum dont la valeur est plus petite que l’entier à convertir.

  2. Le bit associé à ce coefficient est 1.

  3. Soustraire la valeur de ce coefficient à l’entier à convertir pour obtenir le nouveau nombre à convertir.

  4. Recommencer à l’étape 1 tant que le nombre est différent de 0.

  5. En commençant par le plus grand coefficient utilisé, le nombre binaire correspondant est composé de la suite des bits où des 0 représentent les coefficients non utilisés.

Par exemple, la conversion du nombre 666 en base 10 vers le binaire s’obtient avec les étapes suivantes :

\begin{align} 666 &= 512 + 154 \\ 154 &= 128 + 26 \\ 26 &= 16 + 10 \\ 10 &= 8 + 2 \\ 2 &= 2 + 0 \end{align}
\[\begin{split}\begin{array}{|l|c|c|c|c|c|c|c|c|c|c|c|} %\hline %\text{Coefficient} & 2^{10} & 2^9 & 2^8 & 2^7 & 2^6 & 2^5 & 2^4 & 2^3 & 2^2 & 2^1 & 2^0 \\ \hline \text{Valeur} & 1024 & 512 & 256 & 128 & 64 & 32 & 16 & 8 & 4 & 2 & 1\\ \hline \text{Bit} & & 1 & 0 & 1 & 0 & 0 & 1 & 1 & 0 & 1 & 0\\ \hline \end{array}\end{split}\]

Résultat : \((666_{(10)} = 1010011010_{(2)})\)

Micro-activité

Donnez la conversion binaire des nombres décimaux suivants :

  • 97

  • 123

  • 256

  • 1000

  • 511

Pour aller plus loin

Pouvez-vous penser à une autre façon de convertir un entier du système décimal en binaire ?

Le saviez-vous ?

Le 4 juin 1996, le premier vol de la fusée Ariane 5 a explosé 40 secondes après l’allumage. La fusée et son chargement avaient coûté 500 millions de dollars. La commission d’enquête a rendu son rapport au bout de deux semaines. Il s’agissait d’une erreur de programmation dans le système inertiel de référence. À un moment donné, un nombre codé en virgule flottante sur 64 bits (qui représentait la vitesse horizontale de la fusée par rapport à la plate-forme de tir) était converti en un entier sur 16 bits. Malheureusement, le nombre en question était plus grand que 32767 (le plus grand entier que l’on peut coder en tant qu’entier signé sur 16 bits) et la conversion a été incorrecte, induisant un changement de trajectoire fatal.

2.2. Représentation des entiers négatifs

Après la représentation des entiers naturels \((\mathbb{N})\), on souhaite évidement pouvoir représenter les entiers négatifs afin d’avoir une représentation des entiers relatifs \((\mathbb{Z})\).
Un entier relatif est un entier naturel auquel on a ajoute un signe positif ou négatif indiquant sa position relative par rapport à 0.

Bit de signe

La première idée pour représenter un entier relatif est d’utiliser un bit pour représenter le signe. En effet, un bit peut uniquement prendre deux valeurs, 0 ou 1, comme le signe, + ou -. Les bits restants étant utilisés pour représenter un entier positif.
Considérons l’encodage sur un octet (8 bits), nous réservons le bit de poids fort (la puissance de 2 la plus grande) pour le signe : 0 indique un nombre positif et 1 un nombre négatif.

Avec cette approche, un entier relatif est représenté par sa valeur absolue (entier naturel) auquel on associe un signe. Le domaine couvert se trouve donc divisé par deux, un bit étant utilisé pour le signe.
Ainsi, avec un octet, 7 bits sont utilisés pour encoder la valeur absolue, soit \([0, 127]\), ce qui permet de représenter les entiers relatifs dans l’intervalle \([-127, 127]\).

La représentation de -21 est :

\[\begin{split}\begin{array}{|l|c|c|c|c|c|c|c|} \hline \text{signe} & 2^6 & 2^5 & 2^4 & 2^3 & 2^2 & 2^1 & 2^0 \\ \hline 1 & 0 & 0 & 1 & 0 & 1 & 0 & 1\\ \hline \end{array}\end{split}\]

Bien que cette approche soit simple et semble convenir, elle pose deux problèmes majeurs :

  • le premier est d’avoir deux représentations pour zéro (+0 et -0),

  • le second apparait lorsque l’on additionne un nombre et son opposé. Le résultat de cette opération devrait être 0, mais, sans rentrer dans le détail de l’arithmétique binaire qui sera abordée plus tard, l’addition bit à bit avec cette représentation donne \((-2 \lvert x \rvert)\). En effet, l’addition des bits de signe donne toujours 1 et le reste des bits représente l’addition de deux fois la valeur absolue.

Pour remédier ces problèmes, une autre représentation des entiers relatifs a été mise au point, il s’agit de la représentation en complément à deux.

Complément à deux

La représentation en complément à deux reprend l’idée du signe encodé par le bit de poids fort et conserve la représentation des entiers positifs. Donc tous les entiers positifs ont une représentation en binaire qui commence par un 0 et le plus grand entier représenté sur un octet est 127.

Les entiers négatifs sont représentés grâce au complément à deux dont voici le principe :

  1. Écrire la valeur absolue du nombre en binaire (le bit de poids fort est égal à 0).

  2. Inverser tous les bits, les 0 deviennent des 1 et vice-versa. Le résultat obtenu s’appelle le complément à 1 du nombre de départ.

  3. On ajoute 1, la dernière retenue est ignorée le cas échéant.

La représentation de -21 en complément à 2 :

  1. Valeur absolue en binaire : 00010101

  2. Complément à 1 : 11101010

  3. Ajouter 1 : 11101011

../_images/4bitsIntegers.svg

Représentation des entiers avec 4 bits. La figure ci-dessus illustre la différence du domaine couvert avec 4 bits pour la représentation des entiers naturels ou des entiers relatifs. Ainsi, avec 4 bits le domaine couvert pour les entiers naturels est : [0, 15], et pour les entiers relatif : [-8, 7].

À retenir

Puisque le nombre d’entiers relatifs représentés est forcément pair et que le 0 en fait partie, il y a une asymétrie entre les nombres positifs et négatifs représentés. Par exemple, avec 4 bits on peut représenter -8, mais pas 8

Micro-activité

Encodez les entiers relatifs suivants sur un octet :

  • -99

  • -1

  • 127

  • -128

Vous pouvez maintenant comprendre ce comic d’un robot comptant des moutons pour s’endormir… d’ailleurs, combien de bits utilise-t-il pour compter ??

../_images/cant_sleep.png

Pour aller plus loin

Le code binaire réfléchi, ou code Gray, est un type de codage binaire ne modifiant qu’un seul bit à la fois quand un nombre est augmenté d’une unité. Ce type de codage est utilisé pour les codeurs rotatifs absolus calibrés et initialisés une seule fois qui doivent conserver leur valeur lors de l’arrêt de l’appareil, comme les compteurs kilométriques des automobiles (à la différence du compteur journalier qui peut être remis a zéro par l’utilisateur).


Voici le début de la table de correspondance décimal-binaire-Gray sur quatre bits (huit premières valeurs) :

Codage décimal

Codage binaire

Codage binaire réfléchi

0

0000

0000

1

0001

0001

2

0010

0011

3

0011

0010

4

0100

0110

5

0101

0111

6

0110

0101

7

0111

0100

Chaque encodage peut être représenté sur un disque divisé en huit secteurs identiques :

../_images/bin.png ../_images/gray.png

1 - Etablir la correspondance entre la table binaire et la figure de l’encodage binaire, puis entre la table Gray et la figure correspondante.

2 - En comprenant la construction des huit valeurs données dans la table de correspondance (correspondant donc aux huit secteurs des disques), tenter d’écrire la table complète sur quatre bits.

3 - Combien de secteurs angulaires les disques vont-ils comprendre pour un codage sur quatre bits ? Représenter alors le disque binaire puis Gray sur quatre bits.